Le 04 janvier 2010 passé, la tour Burj Dubaï, la plus haute du monde a été inaugurée en grande pompe, avec ses 828 mètres par l’Emirat de Dubaï. Presque au même moment, des échauffourées opposaient des militants palestiniens à des gardes frontières égyptiens suite au refus des autorités égyptiennes de laisser entrer un convoi d’aide humanitaire dans la Bande de Gaza. Au-delà des considérations d’appartenance à la même communauté raciale qui, pour moi n’ont pas une grande importance, qu’est-ce qu’on pourrait dire des principes de solidarité, d’aide et d’assistance mutuelle qui sont le fondement de la Oumma du Prophète Mohamed (Paix et salut sur lui) ?


Cela dit qu’au moment où des enfants, des femmes et des personnes âgées ne mangent pas à leur faim dans la bande de Gaza en raison d’un blocus injuste d’un Etat (celui d’Israël) ou au Darfour, en Somalie, etc. à cause de la pauvreté et de la guerre, un pays frère, en l’occurrence Dubaï se permet de montrer sa folie de grandeur et sa puissance économique fantaisiste à la face du monde. Entendons-nous bien, il ne s’agit pas de vouloir remettre en cause le droit de l’Emirat de Dubaï d’enrichir son patrimoine immobilier national, mais c’est l’indécence avec laquelle il s’y prend que l’on veut dénoncer.
Il ne faut pas en effet perdre de vue que derrière cette belle tour Burj Dubaï, s’est opérée une exploitation inacceptable de la misère humaine ; et cette misère n’est rien d’autre que celle de leurs propres frères musulmans venus de pays pauvres ou en guerre.
Il y a quelques mois de cela, la chaîne M6 nous montrait un reportage indigne et choquant sur les coulisses des travaux de cette tour de l’Emirat de Dubaï. Dans ce reportage on nous apprenait que sur les chantiers des projets immobiliers gigantesques lancés par l’Emirat, des dizaines de milliers d’ouvriers asiatiques (principalement des Indiens, des Pakistanais, des Bangladeshi) sont venus y travailler dans des conditions inhumaines. Dans ce pays où les ouvriers du bâtiment triment jour et nuit, dès leur arrivée à l’aéroport, l’employeur confisque le passeport en échange du permis de travail et à la fin du contrat le travailleur immigré est reconduit à la frontière sans ménagement. De plus, ces ouvriers sont souvent exposés au soleil de plomb (où, au plus fort de l’été le mercure monte à 50°C à l’ombre).
Outre ces mauvaises conditions de travail regrettables, les ouvriers (qui sont tous des frères musulmans compte tenu de leurs pays d’origine) sont très mal logés. Leur lieu de résidence est souvent un camp de baraques inachevées, établi à la lisière d’une cité résidentielle, et les cuisines, sans confort ni hygiène, ne sont que les dizaines de réchauds à gaz des locataires. Le salaire mensuel ne dépasse guère les 600 dirhams (l’équivalent de 100 à 180 euros selon la nationalité du travailleur) et le droit de grève comme le celui de former des syndicats n’existent pas à Dubaï. Non couverts par les assurances, les accidents du travail sont très fréquents et on dénombre un taux de suicide très élevé parmi ces travailleurs étrangers. Ils sont aussi souvent victimes de non-paiements de leurs salaires.
On comprend donc facilement que si Dubaï devient aujourd’hui un chantier permanent qui rivalise avec Singapour et Shanghai, le secret de sa réussite repose sur sa population étrangère qui s’échine sur ses gratte-ciel. En même temps, tout ce bel édifice, basé sur l’investissement et la spéculation, repose sur cette main-d’oeuvre étrangère bon marché, et si, d’aventure elle faisait défaut, tous ces beaux projets, fierté de Dubaï, s’écrouleraient comme un château de carte, entraînant pour longtemps la faillite de toute une région.
Ce qui est encore plus déplorable, c’est l’aide faramineuse de 10 milliards $US qu’Abou Dhabi, riche voisin pétrolier a apportée récemment à l’Emirat de Dubaï quand il traversait des difficultés financières pour payer ses dettes. Pourtant, malgré la famine, la pauvreté et d’autres maladies qui ravagent les populations du Darfour, de la somalie, du Niger, etc., on a jamais vu ou entendu une quelconque aide qu’un pays des Emirats arabes unis leur a octroyée. Ce sont plutôt des organisations humanitaires comme Médecins sans frontières, Croix rouge ou des bénévoles non musulmans, mais humanistes qui viennent en aide ces populations.
Je crois enfin qu’on peut se demander si ces pays musulmans comprennent réellement le sens de la fraternité humaine et religieuse ? Est-ce qu’ils sont conscients qu’ils rendront compte un jour de la manière dont ils ont utilisé et dépensé toute cette richesse que Le Bon Dieu leur a gratifiée ? Vu leur comportement, je serait plutôt négative.