Khadafi

Depuis l’éviction de Zine el-Abidine Ben Ali suite à une violente révolution de la jeunesse tunisienne, le Maghreb arabe est dans une situation d’ébullition totale. Cela est dû, dans une certaine mesure, à une situation de pauvreté et de précarité insupportable que les populations de ces pays vivent depuis des décennies en raison d’un accaparement total de toutes les richesses nationales entre les mains des élites dirigeantes. Ces soulèvements des peuples du Maghreb arabe contre leurs dirigeants rappellent le sens de ce célèbre proverbe arabe : « si un jour le peuple veut vivre, alors la nuit doit finir(…) ». Mais, il ne faut pas cependant perdre de vue que ce vent de besoin de liberté qui souffle depuis quelques mois dans ces pays n’est pas sans complicité de certains lobbys occidentaux tapis dans l’ombre.


En effet, autant on peut se réjouir des chutes de Ben Ali et de Mohammed Hosni Moubarak, autant on doit observer une certaine prudence face aux révoltes des peuples libyens et syriens. Ben Ali comme Moubarak ont tenu leurs populations d’une main de fer et ils on été aidés en cela par les pays occidentaux qui les considéraient comme des remparts contre la montée islamiste. Moubarak lui, a été non seulement un allié fidèle de l’occident, mais celui d’Israël aussi ; rappelons-nous le mur de fer qu’il a construit depuis 2009 sur le long de la frontière égyptienne avec la bande de Gaza. Moubarak est aussi le premier président arabe à reconnaître l’Etat d’Israël au détriment de la création d’un Etat palestinien libre et indépendant.
Pour la Libye, l’empressement avec lequel le gouvernement français a proposé la résolution 1973 des Nations Unies pour mener des frappes aériennes contre les forces de Kadhafi doit nous inciter à nous poser des questions. Pourtant, le président de ce même gouvernement français avait accueilli en 2007 à Paris, avec tous les honneurs, le guide de la révolution libyenne parce qu’en effet des promesses de contrats dans le domaine nucléaire et militaire étaient en jeu ; et on sait bien que Kadhafi n’a donné aucune suite à ces promesses. Même si tout le monde est d’accord que Kadhafi n’est pas un exemple en matière de démocratie, des droits de l’homme et de la bonne gouvernance, néanmoins son peuple n’est pas le plus malheureux, si on fait la comparaison avec d’autres peuples d’Afrique du Nord ou d’Afrique noire. Kadhafi a quand même mis en place des infrastructures dans son pays comme l’affirme l’américain Louis Farrakhan dans une vidéo postée sur le site de seneweb.com : « Kadhafi a su utiliser l’argent du pétrole pour construire la Libye, pour découvrir de l’eau dans le désert du Sahara et la faire remonter à la surface pour la distribuer de Benghazi jusqu’au bord de la Tunisie, pour mettre en place des fermes dans le désert afin de nourrir sa population, pour construire des maison et des appartements pour son peuple, alors quelque chose se cache derrière cet acharnement de la France, de l’Angleterre, et des Etats-Unis contre Kadhafi (…) ». En outre, on nous parle de la défense du peuple Libyen des massacres de Kadhafi, je dis oui, mais pourquoi cette même volonté de défense ne s’est pas manifestée pour le peuple ivoirien que Laurent Gbagbo et ses mercenaires tuent depuis plus de quatre mois ? Pourquoi le sulfureux philosophe français, Bernard Henri Lévy, qui a influencé le président français, Nicolas Sarkozy pour proposer la résolution 1973 de l’ONU contre Kadhafi n’a pas fait la même chose quand les tanks israéliens massacrent le peuple de la Palestine ? Dans sa publication du jeudi 17 mars 2011 sur son Blog, Alain Gresh s’interroge sur l’activisme de Bernard-Henri Lévy « toujours prompt à prôner des expéditions militaires (surtout quand il se retrouve sur la tourelle d’un char israélien pour regarder l’écrasement de Gaza) ».
En ce qui concerne la situation en Syrie, même si on ne dispose pas encore d’éléments solides sur les vraies raisons du soulèvement du peuple, la même prudence doit être de mise car personne ne sait s’il y a des forces souterraines dont l’objectif est de déstabiliser le régime de Bachar al Assad en raison d’un danger imaginaire qu’il présenterait pour certains de ses voisins.
Cette affirmation de besoin de liberté peut être un piège si on considère l’exemple récent de l’Irak qui, depuis presque huit ans, est en situation de guerre permanente. De plus, la situation en Tunisie et en Egypte est toujours incertaine quand bien même on salue le départ de leurs présidents respectifs.
Les Libyens doivent donc faire attention au lendemain d’un départ ou d’une élimination de Kadhafi qui entraînerait une situation à l’irakienne.