Karim Wade

Je voudrais tout d’abord préciser que je ne suis ni un pro Karim Wade, ni son sympathisant, encore moins un membre de sa fameuse « Génération du concret » qui n’est qu’une coquille vide et n’est concret que de nom. Cependant, nous devrions être prudents par rapport à certains articles et contributions publiés, ces derniers temps, dans la presse écrite et sur certains sites web d’information, qui se focalisent essentiellement sur la « sénégalité » de Karim Wade et dont certains nient catégoriquement sa nationalité sénégalaise.


Mener le débat contre une supposée succession de Karim Wade à son père de président en ces termes, revient à le biaiser et, en même temps, risquer de verser dans un débat discriminatoire, voire xénophobe. Un tel débat n’est pas africain, ni sénégalais, car il va à l’encontre de nos valeurs traditionnelles, culturelles et religieuses. Karim Wade est un Sénégalais et jouit des mêmes droits et devoirs aux yeux de la loi sénégalaise comme tout un chacun.
Il faut rappeler que l’idée d’une éventuelle candidature de Karim Wade à la magistrature suprême est une fausse idée fabriquée de toutes pièces par une bande de pauvres vendus de la « Génération du concret » dénudés de toute fibre patriotique et dont les motivations sont de préserver leurs petits privilèges indus. Pour être honnête, il faut reconnaître que cette idée est aussi entretenue par une certaine presse sénégalaise. Mais, dans son ultime conviction, Karim Wade est convaincu qu’il n’a pas les capacités de diriger la « Maison Sénégal ».
Je crois que si on veut s’opposer sereinement contre une éventuelle intronisation de Karim Wade à la tête du Sénégal et en ayant comme seul argument qu’il n’est pas sénégalais, parce qu’il n’est pas né au Sénégal ou que sa maman est une Française, on risque de s’entraîner sur un terrain glissant et dangereux. En effet, n’oublions pas que nous sommes en Afrique et toutes les questions relatives aux ethnies sont délicates. Pour preuve, rappelons-nous les tensions que des questions pareilles ont provoquées dans certains pays africains, notamment en Côte d’Ivoire, etc.
Dire que Karim Wade n’est pas sénégalais parce qu’il n’a obtenu la nationalité sénégalaise qu’en 2002, n’est pas sérieux, ni crédible. Pour étayer nos propos, prenons l’exemple de Rama Yade, qui est d’origine sénégalaise et actuellement secrétaire d’Etat aux Sports dans le gouvernement français. Si demain Rama Yade qui est née au Sénégal, devenue française par naturalisation et dont les deux parents sont sénégalais de souche, voulait se présenter à l’élection présidentielle française et qu’une partie de la population française s’oppose à sa candidature du simple fait qu’elle n’est pas d’origine française, je pense que tous les Sénégalais seraient choqués par cette discrimination injuste. De la même manière, nous ne devons pas accepter qu’on oppose à une éventuelle candidature de Karim Wade ce léger argument selon lequel il n’est pas sénégalais. Si cet argument tenait la route, Karim Wade serait plus légitime à être candidat au Sénégal que Rama Yade en France parce qu’au moins lui, son père est un Sénégalais de souche et aucun des deux parents de Rama Yade n’est d’origine française. En outre, on ne peut accepter chez nous ce qu’on reproche aux autres. Sachons raison garder.
Si on ne fait pas attention à de tels propos, on risque de faire de Karim Wade une victime raciale, car il pourra se dire « qu’on ne me juge pas sur mes compétences et mes capacités de gouverner le Sénégal, mais on me juge sur mes origines raciales ». Et, ce serait injuste à son égard ; soyons logiques avec nous-mêmes. Pire, cela pourrait même le servir de thème de
campagne électorale et nous savons tous que nous Sénégalais, nous sommes toujours du côté des victimes.
Dépassionnons donc le débat et posons les vraies raisons valables et acceptables pour lesquelles Karim Wade ne pourra pas succéder à son père en 2012. Parmi celles-ci, en voici les plus simples :
1 – Karim Wade n’a aucune base politique qui lui permettrait de gagner démocratiquement une élection présidentielle au Sénégal ; les élections municipales récentes en sont une preuve incontestable. Même le Pds de son père avait voté contre lui parce qu’il a même été battu dans le bureau où lui et ses parents avaient voté. Cela est très normal car le fils du président de la République n’a aucune légitimité politique.
2 – Karim Wade n’a aucune expérience d’homme d’Etat nécessaire à diriger un pays.
3 – Sa gestion scandaleuse de l’Anoci a largement montré ses sérieuses limites en matière de management de travaux publics. Les résultats sont, en effet, là et parlent d’eux-mêmes. S’il dit le contraire, il n’a qu’à accepter un audit indépendant des chantiers de l’Anoci.
4 – On ne peut pas présider les destinées d’un pays sans le connaître en profondeur et sans être capable de ne parler aucune de ses langues nationales. Certains me diront que cet argument peut être attribué à des questions raciales, mais il me semble important parce que la majeure partie de la population sénégalaise ne parle pas la langue officielle, en l’occurrence le français.
5 – Karim Wade n’a pas enfin l’étoffe politique et les qualités nécessaires à devenir en 2012 le quatrième président du Sénégal indépendant, pour la simple raison qu’il n’est pas taillé pour le rôle.