Les fonds d’archives publiques du Sénégal sont composés de documents produits à partir de deux périodes distinctes d’activités administratives. La première période, qui va de 1816 à 1959, correspond à l’exercice administratif de l’autorité coloniale française et la seconde période, qui couvre 1960 à nos jours, concerne l’administration du Sénégal indépendant.

Il faudra cependant préciser que les fonds de la première période conservent aussi les archives de la Fédération du Mali (1959-1960) et celles de l’administration de l’Afrique Occidentale Française (AOF) créée en 1895 et qui réunissait toutes les colonies de l’empire français en Afrique de l’ouest. Ces archives de l’AOF, qui sont restées à Dakar à la décolonisation, sont en effet considérées comme un patrimoine en partage entre la France et ses anciennes colonies.

Cependant, si la richesse et la valeur patrimoniale des fonds d’archives du Sénégal sont incontestables, on peut s’interroger sur l’avenir de ce patrimoine archivistique en termes de conservation et de pérennisation. Les archives nationales sénégalaises n’ont jamais disposé de locaux de conservation qui répondent aux normes règlementaires et archivistiques en vigueur. Elles étaient jusque-là conservées aux sous-sols du building administratif, actuellement en réhabilitation, avant d’être transférées au Central Park. Le projet de la Maison des Archives qui date du début des années 1980 est toujours en attente de réalisation. Pourtant, contrairement aux pouvoirs précédents, l’actuel pouvoir semble celui qui montre plus de volonté quant à la bonne gestion et préservation des documents d’archives des administrations publiques sénégalaises. En effet, à l’occasion de deux conseils des ministres, l’actuel Président de la République a donné des instructions fermes au Gouvernement concernant le renforcement des moyens de l’Ecole de Bibliothécaires, Archivistes et Documentalistes (EBAD) et de la Direction des Archives du Sénégal. Lors du Conseil des ministres du 20 janvier 2016, M. Macky Sall invitait « le Gouvernement à veiller, dans les ministères et structures publiques, au traitement et au reversement réguliers des archives conformément aux lois et règlements en vigueur. Dans ce cadre, le Chef de l’Etat demande au Premier Ministre de renforcer les moyens logistiques, humains et financiers de l’Ecole de Bibliothécaires, Archivistes et Documentalistes (EBAD), et de la Direction des Archives Nationales ». Dans le cadre du même Conseil des ministres, le Président Sall demandait même de « lui proposer, dans les meilleurs délais, un Programme de Modernisation de la Gestion des Archives qui intègre la réalisation, à court terme, d’un Centre National des Archives, au Pôle urbain de Diamniadio ».

La question qu’il importe de poser est la suivante : qu’est-ce que l’EBAD et la Direction des Archives du Sénégal ont proposé, depuis lors, suite à l’invitation du Chef de l’Etat ?  Cette question est d’autant plus légitime que la situation de la gestion des documents administratifs et des archives dans les ministères et administrations publiques est plus que précaire en raison d’un manque de locaux de conservation. Cette situation impacte négativement l’accès à l’information administrative et à sa bonne circulation. Elle ne favorise pas non plus la transparence et la bonne gouvernance. En effet, les travaux d’enquête des corps de contrôle du Gouvernement du Sénégal (IGE, Cour des comptes, Ofnac, etc.) sont fondés essentiellement sur les informations contenues dans les documents d’archives. C’est pourquoi dans les rapports d’enquêtes de ces institutions de l’Etat, il est souvent mentionné des recommandations relatives à la bonne gestion et conservation des archives des administrations publiques.

Ainsi, à défaut d’un Palais du patrimoine que souhaite voir le jour sur le site de Diamniadio (nouveau pôle urbain administratif et économique qui se situe à l’est de la banlieue de Dakar), le Professeur Saliou Mbaye, ancien directeur des Archives du Sénégal, nous ne pouvons pas terminer ce billet sans réitérer notre souhait et celui de tous les professionnels de l’information documentaire, de voir très bientôt sortir de terre les murs de la future Maison des Archives du Sénégal.